Acte I : Le crédo libéral du XVIII, XIX et XX ème siècle
La pensée économique du XIX et XX ème siècle est, jusqu'en 1929, pratiquement toute entière résumée dans cette formule lapidaire :"Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité mais à leur égoïsme." Ainsi s'exprime Adam Smith, le père de l'économie libérale qui au XVIIIème dans son ouvrage "Recherche sur la nature et la cause de la richesse générale des nations" théorise le capitalisme et affirme que la richesse générale est d'autant plus grande que chacun est libre de rechercher son intérêt personnel. La somme des égoïsmes individuels par la grâce "d'une main invisible" permet d'atteindre l'optimum général.
Il s'en suit que l'intervention de l'Etat, en économie, même animée des meilleures intentions est par nature néfaste puisqu'elle vient perturber le fonctionnement du moteur essentiel de l'accroissement de la richesse générale, la recherche des gains individuels. L'Etat doit au contraire s'abstenir, "laisser faire", laisser agir les individus.
De là le célèbre "enrichissez-vous" (François Guizot, ministre de Louis Philippe), l'âpreté au gain des individus assurant, in fine, le bien être de toute la nation.
Acte II : John Maynard Keynes, Théodore Roosevelt : Pour un état interventionniste
- Ainsi prospère le "Credo libéral" jusqu'en juin 1929, date de sa première et virulente contestation. Déjà, dès 1920, l'économiste anglais John Maynard Keynes souligne ce qu'il va ensuite théoriser en 1936 dan son célèbre traité "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" : Le libre jeu des marchés et de la concurrence ne conduit pas forcement à une situation économique satisfaisante d'une part, d'autre part contrairement à ce qu'affirment les économistes classiques, la monnaie n'est pas neutre, ce n'est pas le simple lubrifiant des échanges, la monnaie a, en elle même un rôle actif. A partir de ces constats, J.M. Keynes préconise un rôle actif de l'Etat en économie pour amorcer des politiques de relance par les voies budgétaires et par les voies monétaires et mettre en place les politiques de régulation qui s'imposent..