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John Maynard Keynes
Adam Smith
De fait, la crise de 1929 est tellement grave que l'ensemble des gouvernements occidentaux, en tout premier le gouvernement Roosevelt avec sa politique du New Deal, se lance dans des politiques économiques d'inspiration délibérément keynésienne caractérisée par une intervention massive de l'Etat.
 
Et pendant près de trente ans, en fait jusque dans les années 1970, cette période incluant la période d'intense prospérité communément dénommée "les Trente Glorieuses", les économies occidentales fonctionnent selon le compromis keynésien : une économie qui repose sur le secteur privé mais encadré par un état providence interventionniste.
 
Acte III : De Reagan à Bush(1981-2008). La liquidation de l'héritage Roosevelt, le néo-libéralisme triomphant.
- Toutefois les tenants de l'ultralibéralisme, s'ils ont fait le dos rond pendant la crise n'ont pas cessé de lutter contre "l'hérésie keynésienne" . Le discrédit total de l'utopie socialiste après la chute de l'empire soviétique d'une part, l'accélération de la mondialisation économique qui rend moins efficace sinon illusoire les politiques économiques nationales d'autre part vont donner des arguments de poids aux tenants de l'ultralibéralisme.
 
La présidence Reagan (1981-1989) consacre le triomphe de la trop fameuse école de Chicago et de ses pères fondateurs, Friedrich Von Hayek, Milton Friedman. L'ensemble des pays occidentaux s'engage alors dans une vaste révolution conservatrice parée d'ailleurs, miracle de la présentation médiatique, du sceau flatteur de la modernité marquée par le recul de l'Etat, la diminution des sommes consacrées à l'aide sociale, la déréglementation de l'économie. Avec Reagan et ses successeurs aux USA d'abord puis dans toute l'Europe, c'est tout l'héritage Roosevelt-Keynes qui est liquidé. 1980-2008, c'est Adam Smith le retour !                                 
Acte I :  Le crédo  libéral du  XVIII, XIX et XX ème  siècle
 
La pensée économique du XIX et XX ème siècle est, jusqu'en 1929, pratiquement toute entière résumée dans cette formule lapidaire :"Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur  humanité mais à leur égoïsme." Ainsi s'exprime Adam Smith, le père de l'économie libérale qui au XVIIIème dans son ouvrage "Recherche sur la nature et la cause de la richesse générale des nations" théorise le capitalisme et affirme que la richesse générale est d'autant plus grande que chacun est libre de rechercher son intérêt personnel. La somme des égoïsmes individuels par la grâce "d'une main invisible" permet d'atteindre l'optimum général.
 
Il  s'en suit que l'intervention de l'Etat, en économie, même animée des meilleures intentions est par nature néfaste puisqu'elle vient perturber le fonctionnement du moteur essentiel de l'accroissement de la richesse générale, la recherche des gains individuels. L'Etat doit au contraire s'abstenir, "laisser faire", laisser agir les individus.
 
De là le célèbre "enrichissez-vous" (François Guizot, ministre de Louis Philippe), l'âpreté au gain des individus assurant, in fine, le bien être de toute la nation.
 
Acte II : John Maynard Keynes, Théodore Roosevelt : Pour un état interventionniste
- Ainsi prospère le "Credo libéral" jusqu'en juin 1929, date de sa première et virulente contestation. Déjà, dès 1920, l'économiste anglais John Maynard Keynes souligne ce qu'il va ensuite théoriser en 1936 dan son célèbre traité "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" : Le libre jeu des marchés et de la concurrence ne conduit pas forcement à une situation économique satisfaisante d'une part, d'autre part contrairement à ce qu'affirment les économistes classiques, la monnaie n'est pas neutre, ce n'est pas le simple lubrifiant des échanges, la monnaie a, en elle même un rôle actif. A partir de ces constats, J.M. Keynes préconise un rôle actif de l'Etat en économie pour amorcer des politiques de relance par les voies budgétaires et par les voies monétaires et mettre en place les politiques de régulation qui s'imposent..
Histoire économique du XVIII ème siècle à 2008